Nous étions en famille ce mercredi 27 janvier. Le père et le fils sur scène. Les oncles, cousins, neveux et autres petits-fils dans la fosse.
Soit, tout de même, plus de 1000 personnes réunies autour du patriarche dans une salle qui pour l’occasion affichait complet. Une belle cousinade malouine convoquant aussi bien tatouages old school que tribaux, visages ridées qu’acnéiques. Bref, la sortie idéale d’un grand-père soixante-huitard accompagné de son petit fils issu de la génération Y.
Et il y en a eu pour tous les goûts. Trop peut-être…
En terme d’arrangements d’abord.
On retrouve une énergie très rock type années 85/95 du temps des fameux Guitar heroes. C’est clairement le son épique du guitariste gaucher Alice Botté qui assoit la patine dominante du concert. Les notes sont saturées et foisonnantes, lancinantes et tapageuses. L’autre guitare, celle de Lucas Thiéfaine – le fils – adoucit et modernise l’ensemble via des rythmiques inspirées et autres sonorités dissonantes. Le tout forme une orchestration qui n’a qu’un seul objectif : porter le répertoire grandiose d’un trublion historique de la chanson française.
Le pari n’est qu’à moitié réussi. Il subsiste toujours ce désagréable contraste entre l’inspiration poétiquement débridée des textes de Thiéfaine et l’interprétation emprunte de désuétude. Les paroles entraînent et interrogent, quand la musique peut ronronner et assoupir.
Le choix des titres ensuite.
On retrouve un savoureux mix d’un répertoire de plus de quatre décennies. De En remontant le fleuve pour introduire, jusqu’à Des adieux pour conclure, le concert fait de nombreux allers-retours entre les années 70 et 2010. On entend alors avec nostalgie Lorelei sebasto cha, Alligator 427, Bipède, Je t’en remets au vent, 113ème cigarette et bien sûr l’éternelle fille du coupeur de joints. On écoute aussi avec attention les mélodies et paroles puissantes des plus récentes La ruelle des morts, Médiocratie ou encore Résilience Zéro.
Hubert-Félix Thiéfaine pour finir.
Une réunion de famille n’a de sens qu’à travers la rencontre et la transmission. A 67 ans H.F.T. est bel et bien là et a toujours des choses à chanter. Pour autant, l’énergie créatrice du chanteur aurait tendance à se concentrer aujourd’hui sur les textes au détriment de leur expression artistique. De ce côté-là, il faut bien avouer que son entourage scénique uniformément vieillissant, mis à part son fils, ne l’aide pas beaucoup. Mais notre respect pour le personnage va heureusement au delà de la courtoisie et de la politesse réservés aux plus anciens. On apprécie la flamme du désir poétique qui éclaire toujours ses paroles et sa posture. Elle vacille légèrement, c’est vrai, mais profitons tout de même encore de sa belle chaleur.
Note: