Pour ceux qui l’auraient loupé, nous avions croisé une première fois la route de Jacco Gardner il y a maintenant presque trois ans, à l’occasion de la présentation de son tout premier album Cabinet Of Curiosities. Fort d’une réputation déjà très flatteuse, il avait alors, dans la salle du Saint des Seins à Toulouse, confirmé tout le bien qu’on lui portait avec ses chansons très sixties !
Depuis, après la tournée des festivals et une petite année, l’album Hypnophobia est sorti dans les bacs et lui aussi nous a comblés puisqu’il poursuivait une aventure qu’on avait beaucoup aimée voire en transformait l’essai. Il est d’ailleurs apparu ici et là dans les Top Album 2015 de la rédaction, sans pour autant décrocher le Top 10.
C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous avons renouvelé l’expérience, cette fois, en nous rendant dans la superbe salle du Metronum. Et une chose est sûre, il ne fallait pas arriver en retard : pas de première partie pour ouvrir la voie au Batave. Au jeu de l’horloge, nous avons été pris au piège, arrivant d’après ce qu’on nous a dit aux portes une dizaine de minutes trop tard pour voir chanteur monter sur scène. Un peu rude comme timing, ne laissant pas vraiment le temps au public de s’installer et de faire monter l’excitation. Nous ne sommes pas les seuls à nous être fait piéger et d’autres arriveront encore durant la demi-heure suivante…
Nous découvrons donc Jacco, les cheveux plus longs et toujours très raides, guitare à la main en pleine performance. La scène est bien fournie puisqu’il est accompagné de quatre musiciens qui se révéleront tous excellents. Malgré notre « retard » nous nous faufilons facilement dans la salle qui était tout de même assez clairsemée. Tout le talent, l’originalité et la maîtrise ne suffisent donc pas à remplir les salles. Le tableau est pourtant très joli à voir, avec une bonne maîtrise des jeux de lumière et une installation fournie sur scène, laissant place à tout un tas d’instruments. Cela dit, des visuels étaient projetés tout au long du concert et outre leur peu d’intérêt, il faut dire qu’on les voyait assez mal à cause de l’usage important des spots qui eux, étaient utilisés à bon escient.
Mais concentrons-nous sur la musique si particulière de Jacco Gardner. Hypnophobia occupera logiquement la place la plus importante, mais c’est bien une alternance entre les deux albums qui nous sera proposée. Les classiques Clear The Air et Where Will You Go du premier opus côtoient les ambitieuses Another You et Hypnophobia du second, une bande son épique qui pourrait transporter toute une salle dans une transe douce et peu folle.
Pourtant c’est tout autre chose qui se passe dans un Metronum étrangement sage. L’ambiance est presque froide, les têtes se dandinent un peu de-ci de-là, mais rien ne transparaît. Sur scène il est en presque de même. On en reviendrait presque à l’histoire de l’œuf ou la poule. Qui de la salle ou de l’artiste doit apporter en premier ce grain de folie ?
Coincé dans son rôle d’adulescent timide et très pro ne parlant pas français, Jacco Gardner fait le job sans porter plus de considération à un public qui est sensé aimer la musique qu’il est venu écouter en live et aussi sensé vouloir danser un minimum. On se retrouve donc un peu perdu dans la salle, ne sachant pas vraiment si on profite pleinement de ce qui se passe, si on en est responsable de ce déficit d’ambiance ou si nous sommes en face d’un artiste trop éloigné de son public. Chacun fera son choix.
Prenant le relais de son leader, le guitariste se laisse tenter par un « Ready for dancing ? Move your body » juste avant de lancer la superbe Before The Dawn, longue composition qui a tout pour devenir un hit en concert, si toutefois Jacco gardner acceptait de lâcher les chevaux. Car il faut dire que les chansons s’enfilent sans aucune surprise. Nous avons à faire à une copie conforme des morceaux, comme si nous écoutions les albums dans des conditions optimales à la maison. Rien ne manque, pas même « le petit bruit de maracas » à la 4ème minutes, ou « le petit riff » à la deuxième.
Tout est bien trop carré, en tout cas ce soir-là. Rien ne permet de créer cette étincelle qui pourrait tout enflammer mais d’un autre côté, y avait-il quelque chose à enflammer ?
L’annonce de la dernière chanson fera tout de même réagir le public. Au bout d’une cinquantaine de minutes, il apparait à tout le monde qu’il est bien trop tôt pour s’arrêter là ! Il est tout de même étonnant qu’en deux albums on puisse tout de même vouloir faire un concert au format d’une heure. Une vraie déception.
Jacco Gardner arrive cependant à retrouver en nous un peu de sympathie, notamment grâce au jeune batteur qui rentre sur scène avec des bongos et entame un petit solo improvisé qui sera suivi par l’ensemble du groupe, nous faisant vivre enfin quelque chose de surprenant. Le tout servi avec l’excellente Find Yourself qui clôturera de la meilleure des façons un concert qui aura été bien fade, malgré, et c’est ça qui est le plus surprenant, des compositions toutes plus formidables que les autres.
Jacco Gardner ou comment faire d’une setlist fantastique quelque chose de fade et sans émotion.
Bref, on ne boudera pas les albums Cabinet Of Curiosities et Hypnophobia qui sont des objets magnifiques et qu’on aimera encore longtemps remettre sur la platine, mais on essayera de ne pas trop s’attarder sur l’expérience scénique vécue à Toulouse.
Note: