On a découvert Shame, jeune quintet britannique de Brixton, banlieue Londonienne, en 2016, lors du Pitchfork Music Festival, à travers une prestation de près d’une heure de haute volée, rageuse et énergique. Un set qui suintait le punk made in uk avec des compositions efficaces joyeusement leadées par la fougue et la classe du chanteur Charlie Steen, qui n’hésitait pas à se mêler à la foule. Problème, difficile d’en savoir plus à l’époque sur ce groupe prometteur qui n’avait sorti que quelques titres sur le net. Heureusement, en ce début d’année 2018, Shame s’est enfin décidé à sortir, sans honte, son premier effort, Songs of Praise.
On savait déjà que les joyeux gars de Brixton invoquaient d’avantage le punk alternatif de Gang of Four et The Fall (dont on a appris hier le triste décès du leader emblématique Mark E. Smith) que celui plus destroy des Sex Pistols. Mais dès les premières minutes de Dust On Trial, titre lourd et ténébreux, on sent des influences New Yorkaises étonnantes, notamment le Swans de Children of God. Le chant grave de Steen des couplets rappelle celui solennel et légendaire de Michael Gira.
Néanmoins Shame reste une bande so british et cela se sent, au-delà même de l’accent si prononcé du chanteur. C’est vraiment frappant pour Friction qui paraît venir tout droit des 90’s et sa vague Brit Pop, ou Gold Hole et ses sonorités Cold Wave/New Wave. Shame pioche partout sur Songs of Praise, c’est autant son principal défaut qu’une de ses grandes qualités. Défaut car on a du mal à cerner une véritable identité à ces 10 titres, excepté peut être ce chant si particulier qui va jusqu’à proposer une sorte de proto-rap un brin redneck sur certaines parties, notamment dans « The Lick », à la basse lourde, limite sudiste. Qualité parce qu’en bons copistes, Shame montre un savoir faire et une efficacité détonante pour ce si jeune quintet. Ils évitent bien heureusement tout aspect poussiéreux et revitalisent le Rock, apportent un grain de folie et un second degré bienvenu.
Songs of Praise est donc loin d’être une claque, certains titres pèchent même par moment. Donk irrite dans sa tentative Noise, Angie manque de frissons en clôture. Certains pourront toujours se plaindre, justement, du manque de découvertes, l’album étant à moitié composé de chansons déjà écoutables sur internet depuis plus d’un an. Enfin, un arrière goût de frustration se fait ressentir tant on attendait le groupe sortir d’avantage de sentiers déjà biens battus. Reste, qu’on se repassera avec joie – et une envie de se bagarrer jovialement dans un pub – les très réussies One Rizla, Tasteless », Concrete ou Lampoon. Un joli galop d’essai.
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