La question est la suivante : le «fan» peut-il écrire un bon article sur l’un de ses groupes préférés qui passe en concert dans sa ville ?
Après quelques secondes de réflexion la réponse apparaît comme évidente et définitive : plus que nécessaire, ce travail d’écriture est même un devoir de mémoire tant la prestation du divin duo était détonante, enfiévrante et magique. Une vraie claque artistique dont les puissantes vibrations vous poursuivent bien des jours après l’événement.
Il est 21H45 quand Alison Mosshart et Jamie Hince, alias VV et Hotel, se décident à faire leur apparition devant le public impatient d’un Bikini saturé de monde : le concert est annoncé complet depuis plus d’un mois maintenant.
Passablement endormis par une prestation aux influences post new-wave – entre Cure et Joy Division – peu inspirées du groupe Weekend, les spectateurs se réveillent enfin au son de la mythique No Wow : première chanson du second album éponyme. On est immédiatement touchés par l’essence même de la musique du binôme magique. Le guitariste nous offre des riffs magistralement ciselés et animés d’une puissance aussi lourde que pesante. Nous nous délectons ensuite de cette voix délicieusement posée entre envolées punk et accents définitivement rock.
La démonstration est portée par deux personnalités scéniques aussi charismatiques que captivantes. Alison Mosshart, coiffée d’une mèche rose pour l’occasion, nous régale de mouvements électriques et généreux alors que l’énergie – plus retenue – de son compagnon de scène nous enthousiasme grâce au «calme nerveux» de son toucher de guitare. Jamie Hince nous prouve en cela que la virtuosité est loin d’être la première qualité du musicien, l’instrument doit être un organe à part entière.
Il est rare de partir sur des certitudes en début de concert, mais après ces quelques premières secondes, l’hypothèse probable devient certitude : nous allons passer une heure et demi inoubliable !
Sur cette tournée, le groupe est accompagné ponctuellement par quatre joueurs de tambours. Cela nous rappelle que la musique de The Kills sort avant tout de leurs entrailles. En écoutant bien, ce sont même certainement les battements de leurs cœurs écorchés qui se retrouvent cadencés au rythme de leur mélodie.
Si les chansons de leur dernier et excellent album Blood Pressures prennent naturellement la part belle dans la suite du set, le groupe prend soin de faire plaisir aux fans de la première heure en déclinant des titres emblématiques. On entendra un éblouissant U.R.A. Fever du précédent opus ou encore un Fuck the People du premier album Keap On Your Mean Side qui entraîne encore notre tête dans une série de hochements.
Ce soir encore, on ne cherchera pas d’artifice musical superflu. L’inspiration du groupe est directement raccordée à l’esprit combatif du Blues. Quant à leur son «garage», c’est carrément du «punk savant» (comprenez bruyant et sale, mais aussi mélodique et harmonieux). Sans se laisser corrompre par les facilités d’une industrie musicale parfois trop surproduite, nos deux compagnons tiennent bon la barre d’un rock d’une beauté épurée et efficace.
Vers 23H15, le groupe fait poliment ses adieux avec la balade The Last Good Bye. Peut-être est-ce ici la petite (minuscule) critique que l’on peut adresser au duo : l’improvisation n’avait visiblement pas sa place aujourd’hui.
Cela dit, nous persistons et signons : à l’école du Rock’n’roll, un stage d’immersion chez les The Kills devrait être obligatoire !!!
Crédit photos : Frédéric Rackay (tous droits réservés)
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