La dernière fois que l’on a vu Christophe Miossec, c’était en novembre 2009 au Bikini. Souvenir d’un chanteur fatigué, seul, où un disciple invité à monter sur scène avait dépassé son maître en chantant Une fortune de mer mieux que son auteur. Un goût amer nous était resté…
Alors quand on apprend que Miossec revient dans cette même salle avec son nouvel album, on est partagé entre l’excitation et la joie de découvrir sur scène ce huitième opus, et la crainte de vivre une nouvelle déception !
Avec la boule au ventre, on entre dans la salle. Joseph d’Anvers, la première partie se passe. On attend. Les techniciens installent le matériel, règlent le micro. Encore quelques minutes et enfin, le chanteur breton entre sur scène. Son public est là, enthousiaste, malgré les rendez-vous ratés.
Le sourire aux lèvres, il entame plusieurs morceaux de son nouvel album, Chansons ordinaires, sorti en octobre dernier, aux intentions plus électriques.
Toutes nos craintes s’envolent, Miossec est présent, «motivé», comme il le dit lui-même dans un clin d’œil aux Toulousains de Zebda. Il enchaîne les morceaux, accroché à son micro : Du bonheur !
La première partie du concert reste centrée sur les morceaux du dernier opus, seulement deux titres sont issus de sa collaboration finistérienne avec Yann Tiersen, A Montparnasse et Une fortune de mer.
Puis arrivent les titres qu’on attendait, incontournables, Le défroqué , Maman, Brest ! Sa voix unique, juste, allant du murmure aux cris enragés, nous fait vibrer. Le groupe rennais Santa Cruz l’accompagne à merveille en accentuant le côté rock et permet au poète de libérer toute sa puissance.
Après une heure quasiment sans interruption, c’est le premier rappel où Miossec nous raconte sa descente aux enfers dans Chanson qui laisse des traces : «Il m’a fallu des semaines et des mois/ Pour te dire que je n’en pouvais plus/ Depuis si longtemps déjà/ De te voir tellement au-dessus/ Et moi tombé si bas».
On le voit effectivement boire de l’eau et se déplacer avec une démarche saccadée, séquelles dues à l’alcool. Malgré cela, il apparaît serein, charismatique, tour à tour drôle et émouvant. On est sans voix, surpris d’un tel écart avec la tournée précédente.
Même s’il ne prononce pas de longs discours, Miossec, visiblement heureux d’être là, remercie son public, fidèle. Nous repartons ravis, avec l’impression que cette soirée n’avait rien d’ordinaire et prêts à répondre présents au prochain passage du Breton dans la Ville rose.
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