«On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille» – Enième pellicule sur les difficultés de l’adolescence et le délicat passage à l’âge adulte, Les enfants sauvages de Patricia Ferreira n’est pas celle qui laissera au spectateur le souvenir le plus mémorable. Le film suit le parcours de trois jeunes de quinze ans issus de milieux sociaux différents. Alex est le rebelle du groupe, passionné de graphes et mauvais élève au collège. Ses parents tiennent un café où personne ne vient jamais boire et ne peuvent pas aider financièrement leur fils à compléter une bourse qui lui permettrait d’exposer ses œuvres à Amsterdam. Gabi est le sportif de la bande, il s’entraîne sans relâche au kickboxing pour concourir à un championnat. Oki est la petite fille des beaux quartiers, mais qui ne parvient pas à communiquer avec ses parents. Sa mère est adepte du shopping et des régimes, son père garde sans arrêt une oreillette qui le relie à son travail et ne comprend pas sa fille.
La structure éclatée, sous forme d’interrogatoire face caméra de chacun des protagonistes laisse soupçonner un événement hors-champ qui justifie l’audition policière. La caméra ultra mobile de la réalisatrice est d’une belle fluidité et capte les mouvements d’une adolescence ordinaire, campée avec conviction et réalisme par les trois jeunes acteurs. Mais le réseau de relations aux adultes est trop caricatural pour convaincre, tantôt image de l’ordre et de la sanction (les parents, les professeurs), tantôt figure aidante et compréhensive des difficultés de l’âge (l’assistante sociale du collège qui essaie d’obtenir une bourse à Alex). Pas vraiment sauvages Alex, Gabi et Oky ont juste quelques banals soucis d’autorité et d’échec scolaire. Leur rapport avec la délinquance est très marginal – entrer de nuit dans un centre commercial, bomber les murs de la cité, boire des coups et prendre des pilules – si bien qu’on a du mal à comprendre l’acte ultime de rébellion laissé jusque-là en suspens et qui n’est jamais justifié par ce qui précède, voire qui contredit la caractérisation tout en douceur des trois ados.
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