De la cécité comme symbole commode d’un personnage qui refuse littéralement de voir le monde qui l’entoure. Emma a 29 ans, elle est aveugle mais comme elle déteste qu’on lui dise ce qu’elle peut faire ou pas, elle s’est mis en tête d’avoir un enfant et de l’élever seule. Elle part alors à la recherche du «spermatozoïde parfait» et donc uniquement d’un partenaire sexuel, pas d’un compagnon, pas de sentiments. Qu’importe le mal qu’elle peut provoquer dans son entourage, la seule chose qui compte pour Emma, c’est que son test de grossesse soit positif, sinon, elle se débarrasse du reproducteur déficient. Autant dire que Roberto Pérez Toledo a beaucoup de mal à susciter notre sympathie pour son personnage, qu’importe la fraicheur d’interprétation de Veronika Echegui.
Comme pour nous signifier que les cordonniers sont les plus mal chaussés, Emma travaille pour SOS-amitié et participe à des groupes de discussion où elle prodigue ses bons conseils sur la vie, les relations aux autres. C’est dans ces scènes de thérapie collective que le film trouve ses meilleurs moments, souvent très drôles, notamment grâce aux seconds rôles. On y croise des gens en fauteuil, une lesbienne sourde, un simple d’esprit… Mais le film n’évite pas une morale assez gnangnan sur la différence, l’estime de soi, le regard des autres. Pour le reste, entre duper et être dupé, les tromperies et les mensonges, Seis Puntos sobre Emma déroule son petit discours dont on ne comprend pas bien les objectifs, sinon que chacun se retrouve finalement piégé par son propre système. Et sa conclusion, plutôt que d’émouvoir, nous laisse totalement indifférent. Tout ça pour ça…
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