Éteint dans la lumière – Pas très sympa Axel de me renvoyer mes 40 bougies, comme ça, au milieu de mes pairs, entre cheveux gris, ventre bedonnant et rides montées sur cols de chemise. Pas la peine d’être sociologue de la musique pour conclure que notre jeune rockeur français, prodige des années 80, peine légèrement à renouveler ses fans. Le personnel du Connexion café faisait donc office de staff médical au milieu d’une maison de retraite.
Et pourtant, je m’étais dit ou plutôt fait dire que ce nouvel album, Peaux de serpent, marquait un renouveau, un virage heureux dans une carrière variété rock déformée par les exigences commerciales de maisons de disque vénales et sans scrupules. On se met à rêver, à croire à la rédemption musicale et au grand pardon artistique. On va ensuite au premier concert de la tournée confiant et serein, sans prendre la peine d’écouter le moindre morceau sur deezer. Et puis patatras. Les collaborations de Gérard Manset et de Brigitte Fontaine sont donc des alibis ou des « éléments de langage » pour la promotion de ce 8ème opus.
Que valent donc des textes bien ciselés lorsque portés par des mélodies et des arrangements on ne peut plus banal, bateau, « cargo » même ! La variété est visiblement une maladie dont on peut difficilement se remettre, elle s’immisce sournoisement dans l’appareil créatif de chaque artiste voulant exister avant d’être, elle déteste le risque et préfère répéter plutôt que d’inventer. Même la nouvelle voix d’Axel, plus grave et aux accents de Bashung, finit d’enfoncer le clou avec son côté très tendance.
Paradoxalement on en viendrait à remercier la salle du Connexion café pour la sonorisation. Outre l’acoustique difficile du lieu, des petits soucis techniques ont agrémenté ici et là la prestation de M. Bauer. Cela a donné à quelques chansons ce petit supplément d’âme absent des versions studio (écoutées après coup tout de même). Éteins la lumière privée pour l’occasion de boîte à rythmes devint le morceau le plus rock du concert. Le fameux riff de ce tube du début des années 90 fut ainsi interprété avec générosité et ferveur, il y croyait, nous aussi.
Malgré les premiers paragraphes de cet article, je ne regrette pour autant pas de m’être déplacé. Est-ce grâce à cet hommage sincère à Daniel Darc avec cette reprise sensible de Chercher le garçon ou bien pour sa 100 000 ème interprétation faussement naïve de l’incontournable Cargo de nuit ? Peut-être, mais ce qui est sûr, c’est qu’Axel Bauer a participé à mon itinéraire musical comme Enid Blyton a amorcé chez moi le goût de la lecture. Il me fallait rencontrer ce vieil instituteur pour lui présenter mes hommages.
Puis partir au premier rappel.
Note: