C’est la guerre ! Enfin… Il paraît ! En tous cas à en croire le titre du dernier opus de Poni Hoax, A state Of War, enfin chez les disquaires après cinq longues années d’attente. C’est le temps qu’il aura fallu pour la bande de Laurent Bardainne et de Nicolas Ker, respectivement au synthé et au chant et véritable fers de lances de Poni Hoax, pour revenir sur le devant de la scène.
Fraîchement arrivé à nos oreilles en 2006 avec leur album éponyme, Poni Hoax, rencontre alors un succès flatteur et mérité car ce premier album est une petite perle sur la scène française. La chanson Budapest devient d’ailleurs rapidement un titre obligatoire pour tout bon dancefloor qui se respecte. Deux ans plus tard, le groupe transformera l’essai avec Images Of Sigrid qui rencontrera, lui, un accueil encore plus favorable et ce, aussi bien de la part des critiques que du public.
La chanson Antibodies devient un tube énorme, les bandes radio s’en emparent et s’en suit une tournée dans tous les festivals d’été de l’année 2008. Cela montrera aussi à quel point Poni Hoax est un groupe de scène. Leurs chansons y prennent une toute autre dimension, taillées pour la scène afin de ne pouvoir laisser personne immobile devant leur prestation, et à Nicolas Ker et consorts de se charger d’y mettre une énergie toute particulière pour rendre la chose encore plus intense.
On quittait donc en ce temps là un groupe en pleine ascension qui avait trouvé son public et à qui on promettait monts et merveilles. Et puis cinq ans sont passés donc, et même s’ils ne repartent pas à zéro, il va falloir avoir un sacré coffre pour remettre la machine en marche.
Mais A state Of War n’est pas en reste. Poni Hoax toujours en forme a su trouver l’inspiration pour à la fois se renouveler sans trahir leur univers.
Le travail ne fut pas simple. Parti avec la volonté de très vite enchaîner après Images Of Sigrid, Laurent Bardainne, principal compositeur, se retrouve piégé dans la redite de tube à la Antibodies. Il aura besoin de temps pour se sortir de ce carcan, et l’approche d’une major n’aidera pas à revenir sur des bases saines. Car la signature sur un label va largement retarder la production musicale, le groupe rencontrant de sérieuses difficultés à travailler avec leur nouveau partenaire.
Le style de Poni Hoax reste quand même à part sur la scène française, avec une grosse influence du son des années 80. Ce ne sont même plus des clins d’œil, c’est quelque chose de complètement assumé et une vraie signature. Et en contrepartie très segmentant, ça ne plaît pas à tout le monde, même s’il est difficile de rester insensible à certaines chansons tellement fortes musicalement qu’elles en deviennent une évidence.
A State Of War aura ce soir-là au Connexion café la part belle, le groupe nous présentera évidemment ces dernières compositions en priorité. Nous passerons sur la première partie de la soirée, Ruby Cube, un petit groupe français qui nous aura laissé une prestation sympathique, mais que le groupe Foals pourra aisément emmener au tribunal pour plagiat. Ils garderont, c’est sûr, un agréable souvenir de leur passage puisque le public les a plutôt bien soutenus.
Mais la salle se remplit définitivement alors que les jeunes hommes quittent la scène. La température monte de plusieurs crans, la foule se resserre à l’avant, bientôt il ne sera plus possible d’aller au bar ou aux toilettes… Alors qu’on aperçoit déjà Laurent Bardainne installer son synthé sur scène. Visiblement pas encore suffisamment de succès pour s’éviter ce genre de travail… Et le grand moment arrive, la lumière se tamise, et retentit le bourdonnement du début de Cities Of The Red Dust, titre introductif du dernier opus. L’atmosphère s’installe, ça va jouer fort, bien comme il faut !
Nicolas Ker entrera au dernier moment pour prendre son chant, soignant ainsi son effet. Les sourires sur les visages font plaisirs à voir, on semble parti vers quelque chose de très agréable.
Et Pourtant. Malgré toute l’intention et la volonté, à la fois du groupe comme du public, la magie, en ce début de concert, n’opère pas. L’émotion ne semble circuler ni dans un sens ni dans l’autre. Savoir si la faute repose sur Nicolas Ker, peu entrainant tout de même, ou sur le public, complètement figé, est difficile à déterminer. La vérité est sans doute entre-deux, peut-être simplement dû à la fraicheur de titres encore trop peu connus du public.
Hormis She’s On The Radio, un des titres phares du premier album et Pretty Tall Girl, un autre titre fort et sans doute l’un des meilleurs de la formation, tirent difficilement le public, à peine quelques-uns commencent à décoller les pieds du sol. Ce début de concert est sans doute trop concentré sur le dernier opus pour emporter les foules. Et pourtant, avec les deux titres déjà cités et des chansons comme Marida qui porte en elle tant de sensibilité et un refrain magnifique, toute la fougue de Leaving Home Again, ou encore le son un peu plus dur de There’s Nothing Left For You dont l’introduction superbe sera pour l’occasion poussée à l’extrême avant de partir ensuite sur des envolées qui font la part belle à une très grosse basse, il est vraiment difficile de faire la fine bouche. A State Of War regorge de titres de forte intensité dont seul Poni Hoax a le secret, et c’est vraiment dommage de voir en direct que la sauce ne prend pas. Ou tout du moins, pas comme on pouvait se l’imaginer, car petit à petit les esprits se libèrent.
Les versions scéniques rendent la chose palpitante, Poni Hoax n’hésite jamais à apporter une patte, des arrangements pour sortir du copier-coller habituel. Même le titre Young Americans, qui quand on écoute le début pourrait très bien être une chanson de Kylie Minogue à la fin des années 80, heureusement repris en main de façon naturelle par Poni Hoax, laisse largement la place au déhanchement, à la joie et évidemment à la bonne humeur.
Mais rien n’y fera vraiment avant que retentisse enfin l’introduction poussée à l’extrême de la fameuse Budapest, inscrite véritablement dans la conscience collective. Dès lors, nous n’aurons plus le même public, beaucoup plus au faîte et beaucoup plus enclin à donner de la voix et de son corps ! Une chanson qui d’ailleurs pâtit tout de même de n’avoir une interprète féminine comme sur le disque, même si l’on ne pourra vraiment rien reprocher à Nicolas Ker de ce côté, tant il maîtrise une voix et un chant à la perfection. Là encore, nous faisons face à un artiste au sommet de son art et dont les gesticulations n’auront sans doute laissé personne indifférent. Et de l’enchaînement entre Budapest et Antibodies de confirmer qu’on tient-là quelque chose de grand. C’est comme si on avait remplacé le public par un autre, beaucoup plus impliqué. Un succès reste un succès et Bird Is On Fire clôturera le concert sur une note forte et excitante à souhait.
Le rappel, sera l’occasion de reparler du dernier album, avec The Word, titre qui conclut l’album avec une certaine délicatesse, et qui passe sans problème le test du public, et à raison, bien aidé par les titres précédents. Mais bien évidemment le rock reprend sa place et Paperbride de rappeler qu’ici on ne rigole pas ! A ce moment là du concert, on se rend compte du potentiel de Poni Hoax, du nombre d’excellents titres qu’ils ont dans leur escarcelle et à quel point on a bien fait de prendre ses billets. Involutive Star, encore un titre du premier album, sans doute un des meilleurs aussi du groupe, quoique moins connu, va venir clôturer pour de bon ce concert et en beauté, puisqu’il est tout de même difficile de résister à ce riff de guitare, à ces notes de synthé, et au chant lointain de Nicolas Ker. Les changements de rythmes, l’accélération naturelle de la chanson pour finir sur un mur de son hallucinant qui prend une dimension toute autre, encore une fois, sur scène, font de ce titre la chanson idéale pour achever un concert très réussi du groupe.
Il était grand temps de revenir au charbon pour Poni Hoax, même si Toulouse ne sera sans doute pas leur meilleur souvenir. On espère très vite les retrouver pour de nouvelles aventures toujours aussi chargés en énergie et en émotion. La tournée annoncée semble moins conséquente que celle de 2008, mais elle suffira à permettre de les voir bientôt, pas trop loin. Et ça en vaut vraiment la peine.
Note:
Crédit photo : Cécile Schuhmann (La route du Rock Hiver 2013)