Avec Alien : Covenant, Ridley Scott livre une partition convenue et paresseuse qui plonge la légendaire saga dans le bain des simples franchises de studio.
Après l’échec de Prometheus, préquelle de la saga Alien, l’attente était immense.
Le résultat n’en est que plus décevant. Le cauchemar continue donc, mais malheureusement pas exactement celui auquel on s’attendait.
Le film aurait sans doute dû s’appeler Prometheus 2 tant Alien : Covenant est dans la lignée du précédent opus. Mais comme tout bonne franchise qui se respecte, le risque financier était trop grand pour tamponner le nouveau film de Ridley Scott d’un label qui a fait ses preuves dans l’échec.
Alien : Covenant se situe donc dans l’interstice de Prometheus et d’Alien : le huitième passager. Et Ridley Scott, à la manière de la seconde trilogie Star Wars, a promis 5 autres épisodes à la Fox ayant vocation à introduire ce qui restera, avec Blade Runner, comme son chef d’œuvre le plus ultime.
Dès la scène d’ouverture, on retrouve donc l’androïde David (Michael Fassbender) et son créateur, le professeur Weyland (Guy Pearce).
Cette séquence introductive en dit long sur ce que sera le film dans son style et dans sa narration.
On y bavarde des affres de la création sur fond de baies vitrées clinquantes dans un style froid et esthétisant.
Le film se pose immédiatement comme une relecture du mythe de Frankenstein. On aura même droit, un peu plus tard, à quelques vers déclamés avec l’accent british de la prose de Mary Shelley.
Pendant plus de deux heures, Ridley Scott va donc interroger qui du monstre entre son créateur et sa créature avec des niveaux de lecture différents : Weyland / David – David / Le Xénomorphe – Dieu / L’Homme – L’Homme / Le Monstre, etc.
Le programme est donc très clair et le cinéaste n’a plus qu’à dérouler tranquillement son cahier des charges ultra conventionnel :
Un vaisseau (le Covenant),
Un équipage composé d’un androïde (Walter joué aussi par Michael Fassbender ce qui permet de préparer les twists scénaristiques et autres rebondissements), d’une valeureuse guerrière forte et fragile (la fantomatique Katherine Waterston) et d’une bande de joyeux lurons qui oscillent entre le personnage doux – dingue un peu nounours, le méchant capitaine conservateur ultra religieux ou le couple d’amoureux qui saisit chaque fois l’occasion de se retrouver sous la douche.
Une terre hostile (sans doute la meilleure idée du film)
Des bébêtes ultra agressives et super agiles
Et l’androïde David, seul rescapé du Prometheus et colon de cette nouvelle planète
Au-delà du programme narratif proposé (un équipage découvre une nouvelle planète et se heurte à la terreur), ce qui frappe aussi, c’est le virage absolu de l’esthétique Alien.
L’univers organique, moite et terrifiant de la saga originelle disparaît complètement. La biomécanique laisse place aux effets numériques clinquants jusque dans l’animation des xénomorphes. L’empreinte graphique laissée par le cinéaste ne crée rien d’autre qu’un espace terne et convenu.
Alors que les films de Scott, Cameron et Fincher s’adressaient à l’inconscient du spectateur, Alien : Convenant le prend par la main en rendant tout ultra lisible. De l’histoire au style proposé. C’est le paradoxe majeur de ce film qui interroge pourtant le plus grand mystère de l’Humanité.
On regrette également un casting douloureusement faible. Où est passée Sigourney Weaver, voire même Noomi Rapace ?
L’anglaise Katherine Waterston reprend le flambeau de l’héroïne mais ne propose rien. Les autres acteurs sont à l’unisson et la caractérisation des personnages frôle souvent la caricature. Michael Fassbender s’en donne à cœur joie en incarnant les deux androïdes qui se retrouvent confrontés et invente un nouveau style : le Fassbender acting ou l’under cabotinage ou encore l’excès les deux pieds sur le frein.
Le film manque cruellement d’incarnation.
C’est à se demander si, à l’image de David qui tue son créateur, Alien : Covenant n’est pas une opération de sabotage orchestrée par Ridley Scott.
Les temps vont être longs car peu importe les ingrédients si la ratatouille est mauvaise.
Alien : Convenant est résolument indigeste.
Note:
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