Il y a sans conteste de la démesure chez Yoann Lemoine alias Woodkid. Son premier succès grand public, Iron, l’atteste à grand coup de lyrisme épique. Le tout est servi par un clip esthétique et esthétisant. Du Wagner 2.0. On adore ou on déteste.
Ce soir au zénith de Toulouse, nous retrouvons l’ensemble de ces ingrédients qui indéniablement façonne ce chanteur atypique dans le coin d’un univers musical manifestement toujours en expansion.
Après la piteuse première partie de Claire – incarnée par une Bimbo gesticulant à des fins décoratives sur une machine – Woodkid arrive effectivement comme un sauveur en nous proposant Baltimore Fireflies comme tranquille liminaire. Pour autant les 4 000 personnes du zénith ne se sont pas déplacés pour ce coté feutré, ils veulent en avoir pour leurs cinq sens : The golden age marque alors véritablement le début de la soirée. Les cordes du sextet se mettent alors à grincer, les vents à hurler et les tambours donnent la cadence à cet ensemble guerrier, treize musiciens, emmené avec force et autorité par Woodkid 1er. La bataille commence et nous en sommes les spectateurs médusés.
Afin de mieux conditionner notre cerveau déjà acquis à sa cause et de réduire à néant toutes velléités de résistance critique, le son est soutenu par l’image ou plutôt par une imagerie à la hauteur des conquêtes visées : galaxie, visuels sacrés et iconoclastes, paysages grandioses, mégalopoles éclairantes et illuminées… L’imaginaire du musicien se nourrit ostensiblement de celui du vidéaste et réalisateur de clips de quelques grosses stars, comme Rihanna ou Lana Del Rey.
Mais ne résumons pas Woodkid à ces artifices visuels et autre grosse artillerie orchestrale. Lorsqu’il prend la parole, le masque du chef de guerre tombe pour laisser place à ce kid largement plus simple que sa musique. Quelques confidences peuvent être ainsi données au public, il nous parle alors de l’endroit où il vit, Brooklyn, et déclare aux 2 000 garçons du zénith qu’il les préfère aux filles (tant pis pour elles !). L’interprétation de I love you arrive alors à point nommé.
La fin du concert approche, il faut clore en beauté. Après la mise en scène survoltée d’un nouveau titre Volcano sur fond de techno hardcore, Woodkid nous envoie à la figure deux poids lourds de son premier (et encore unique) album : Iron et The Great Escape. Il n’y avait plus alors de places assises au zénith, mais juste une grande fosse où jeunes et moins jeunes, fans et parents de fans, communiaient devant un prêtre barbu à casquette.
Rien de tel qu’une bonne bière après une longue prière, c’était l’heure du rappel. On en profita pour faire l’inventaire des chansons proposées histoire de faire apparaître le grand absent de la soirée : Run Boy Run. L’image d’un enfant en pierre apparut alors sur l’écran et introduisit le titre emblématique. Les cloches rassurantes de la plus tranquille The other side pouvaient ensuite clôturer cette belle soirée de conquête musicale.
Pas de doute, la première bataille du succès est gagnée. Quant à la guerre pour le faire durer, nous attendons les prochaines salves.
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