Salad Days est le troisième album de Mac deMarco, tout jeune artiste Canadien révélé par son album 2 et connu pour son comportement erratique sur scène (il n’hésite pas à interrompre une chanson pour raconter une bonne histoire de fesse). De Marco, outre son penchant pour la grivoiserie a surtout un style reconnaissable entre mille, style qu’il peaufine un peu plus sur cet opus. La première chose qu’on remarque est que Salad days est bien moins enjoué que son prédécesseur.
L’album commence par la chanson titre, une simple mélodie lancinante que Demarco ponctue de Lalalalaaaa et qui évoque d’emblée les Kinks. Le son est comme noyé dans une buée opaque, percée par les notes très claires de guitare, un doux ronronnement de basse et ce petit murmure de batterie qui articule la chanson, c’est tout. Il poursuit avec Blue boy, qui reste dans la même veine, mais dans laquelle perce déjà quelque chose qui va parcourir l’album comme un frisson. Blue boy ne dure que deux minutes, comme la plupart des chansons de cet album. Le décor est posé, il ne bougera presque plus. Aucune chanson ne vient tout à coup accélérer le rythme, monter le volume, ou alors si peu. L’album entier est comme étourdi. Seules les chansons Chamber of reflection et Passing out pieces s’écartent un peu de cette formule avec l’utilisation de synthés et d’un orgue spectral. Indice d’une structure interne, la chanson Let my baby stay est le seul moment ouvertement triste de l’album, elle dure d’ailleurs plus longtemps que n’importe quelle autre. Deux coquilles qui s’entrechoquent, une guitare qu’on jurerait grattée avec des brins d’herbes et la voix de Marc, à son plus bas.
Que la vie serait belle s’il sortait un album comme celui-ci tous les quatre du mois. Une collection de miniatures, de petites chansons à peine esquissées, chantées du bout des lèvres, grattées du bout des ongles. Sur cet album, Demarco joue et chante comme s’il était seul un lendemain de fête, tandis que le soleil filtre à travers les persiennes et se réfléchit dans les canettes de bières qui jonchent le sol. C’est un album de gueule de bois, empreint d’une douceur, d’une tristesse qui le rendent attachant dès la première écoute. Dans le tout petit champs d’action que Demarco se fixe, il parvient à explorer jusqu’au bout et empile trouvaille après trouvaille, toujours d’une subtilité et d’une discrétion qui forcent l’admiration.
Prenons Goodbye weekend, chanson aussi parlante qu’une autre, ma préférée, en tout cas. Avec un accompagnement qui relève du minimum syndical, Mac deMarco chante de sa voix gamine, un peu éraillée et douce puis conclut tout ça d’un lumineux solo de guitare qui achève l’auditeur le plus ferme en une note d’espoir et de douce joie de vivre. Ou bien Brother et son rythme inimitable, sorte de danse du sommeil, qui s’étire au soleil en roucoulant. Répétons-le, ce qui est remarquable ici, c’est justement la simplicité, le refus d’élaborer de peur de perdre ce qui confère à l’album son aura.
Mac DeMarco est un petit nouveau, mais il vient de sortir un album magnifique, que l’histoire retiendra très certainement. Il vient de passer à Paris, ou il était en concert au Trabendo, d’autres dates sont prévues en France, espérons qu’il reviendra nous en raconter une bonne.
Mac DeMarco – Salad Days (Captured tracks)
Note: