A Perfect Day – Un jour comme un autre, une mauvaise farce en décor de guerre signée Fernando Leon de Aranoa
N’est pas Robert Altman qui veut.
Alors que le réalisateur américain livrait avec MASH (palme d’or 1971) une charge antimilitariste irrésistible et jusqu’au-boutiste prônant la contre-culture et la stupidité des états-majors en pleine guerre de Corée, l’Espagnol Fernando Leon Aranoa s’essaye timidement à la comédie pleine de bons sentiments, en conflit des Balkans.
Le film est irritant, car il reste à la croisée des chemins de tout ce qu’il veut démonter.
Pas assez cru et anticonformiste, pas suffisamment drôle ni absurde, à la surface des enjeux, il utilise la guerre comme le simple décor d’une comédie sentimentale qui multiplie les bons mots et les symboles universels.
On ne s’y amuse jamais et, par conséquent, l’humour revendiqué par le réalisateur comme rempart de l’absurdité des hommes en temps de guerre, rate sa cible.
La question que nous posons ici n’est pas de savoir si l’on peut rire de tout. Pour nous, elle ne se pose pas.
La question posée est de savoir pourquoi l’on filme, quel regard on apporte, quelle utilisation de la mise en scène fait-on pour faire du cinéma le filtre de tous les autoritarismes, de tous les obscurantismes, de tout ce qui plonge l’homme dans ces histoires de violence, chères à David Cronenberg ou Edouard Louis.
Ici, rien ou pas grand-chose.
Alors bien sûr, le réalisateur espagnol nous explique qu’il a couvert l’Ouganda avec Médecins sans Frontières ou la Bosnie aux côtés d’humanitaires, mais cela ne prouve pas qu’un film soit réussi.
Le film est par ailleurs assez peu modeste sur la forme. Ce qui exacerbe le vide de son propos.
On y retrouve un casting international qui a ravi le public de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2015 lors de la présentation du film : Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry, Sergi Lopez et Olga Kurylenko, rien que ça.
Et à la direction de la photographie, le très en vogue Alex Catalan reconnu pour son travail sur La Isla Minima.
Les personnages sont les caricatures d’eux-mêmes : la jeune ingénue française qui se révolte contre la guerre (Mélanie Thierry spectatrice du film), le baroudeur blasé au bon cœur (Benicio Del Toro en roue libre), le bon camarade post punk (Tim Robbins qui se souvient des Frères Coen) et la vamp incendiaire (Olga Kurylenko tellement sexy en pleine guerre).
Bref pas grand-chose à retenir de cette histoire d’humanitaires à la recherche d’une corde pour remonter le cadavre en train d’infecter l’eau du puits d’un village.
A Perfect Day – Un jour comme un autre : sortie en salles le 16 mars 2016
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