Il n’est pas forcément rassurant de voir s’implanter à côté de chez soi un laboratoire d’Etat où se croisent blouses blanches et tenues kaki. C’est un coup à imaginer feue grand-mère s’évader du cimetière voisin ou encore de voir se saouler un extra-terrestre dépressif dans son bar favori.
À Two Rivers, petite ville américaine de la région des grands lacs, point de morts-vivants décrépits ou d’aliens nostalgiques. On assistera juste à la complète disparition de la cité, suite à une «mauvaise manipulation». Pour ses habitants, les billets sont des allers sans retour : bienvenue dans une humanité parallèle.
Mysterium, comme mystérieux bien sûr. Roberts Charles Wilson nous délivre ici la recette d’un excellent roman fantastique, «un monde étrange sans être étranger». Le décor y est vrai et naturel, les personnages nous parlent de leurs histoires très ordinaires et la science ainsi que ses promesses tapissent l’univers de l’homme. Quoi de différent dans ce monde alors, me direz-vous ? Et bien, cette «chose» verte tombée du ciel par exemple…
On ne cherchera pas ici de fioritures littéraires ou stylistiques, tout est dans le fond : efficace et rentre-dedans, sobre et rigoureux. Les amateurs du genre apprécieront. Pour les autres, faites un effort et laissez-vous emmener dans cet autre univers qui aurait pu être le nôtre à quelques détails historiques près…
Et si Aloïs Hitler n’avait pas eu envie de s’accoupler avec la mère d’Adolf, neuf mois avant sa naissance (tout le monde a le droit d’avoir mal à la tête !) ? Et si l’archiduc François Ferdinand n’avait pas été assassiné le 28 juin 1914 ? L’histoire des hommes se façonne à coups de petits et de grands évènements.
Mysterium comme mystique aussi. La science est ainsi questionnée pour sa dimension spirituelle. Qu’est ce qui la relie à l’homme, précisément ? Le monde est peut-être construit d’après les représentations métaphysiques d’un Savant-Dieu dont les seules pensées et angoisses suffiraient à orienter l’univers qui nous entoure…
«Il n’y a pas de limites à notre savoir, sinon celles dont on ne peut et ne pourra jamais faire l’expérience.»
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