Les suites
Financièrement rentables, facilement identifiables par le public, les séquelles au cinéma sont autant la garantie d’entrées faciles au box office que la preuve manifeste de la frilosité des studios à inventer. L’année 2014 n’échappera pas aux plans marketing des majors qui déverseront sur les écrans des suites plus ou moins attendues. Parmi celles-ci, Le hobbit : Histoire d’un aller et retour, la conclusion de la trilogie de Peter Jackson. Autant nous avions aimé Un voyage inattendu, autant La désolation de Smaug nous a laissés plus perplexes sur certains choix narratifs. Les épisodes avec Beorn, la traversée de Mirkwood, le combat avec les araignées géantes, la capture par les elfes sylvains sont dans le film réduits à leur strict minimum – peut-être davantage dans la version longue qui ne manquera pas de sortir en blu ray ? –, au profit de développements qui ne figuraient pas dans le roman de Tolkien. Tout ceci a évidemment pour objectif de construire un immense projet global dans lequel s’intégreraient les deux trilogies, mais on regrette néanmoins ces ellipses. Heureusement, le dernier acte, avec Smaug, est tout bonnement bluffant et le cliffhanger suffisamment redoutable d’efficacité pour qu’on attende la suite avec impatience.
Les super-héros seront aussi de retour en 2014 et il ne faudra sans doute pas rater le nouvel épisode des mutants de la Marvel. Si l’univers X Men a surtout connu les pires outrages sous la houlette de Brett Ratner – un Affrontement final qui était surtout ridicule – et les spin off indignes autour du personnage de Wolverine, Matthew Vaughn a relancé avec bonheur une franchise moribonde avec X Men Le commencement il y a deux ans. X men : Days of future past, qui sortira au mois de mai 2014 sera la suite de cette préquelle et c’est Bryan Singer, à qui l’on doit les meilleurs épisodes de la saga, qui reprend les choses en main. Le scénario se base sur des voyages dans le temps qui permettront de faire se rencontrer les personnages de Magneto et du Professeur Xavier (respectivement interprétés par Ian McKellen et Patrick Stewart), avec leurs incarnations « jeunes » (Michael Fassbender et James McAvoy). Après une promo virale savamment orchestrée – impliquant notamment Wolverine dans l’assassinat de JFK – le premier trailer très spectaculaire laisse aussi présager d’un ton plus adulte et d’une multitude de personnages qui permettent d’envisager un scénario dense et complexe, comme on les aime.
Même principe avec La planète des singes : les origines, bonne surprise en 2011 qui dévoilait les événements conduisant au soulèvement des chimpanzés suite aux expériences génétiques ayant développé leurs capacités cérébrales et permis leur évolution. La planète des singes : l’affrontement, dont la sortie est prévue le 30 juillet 2014 racontera la terrible guerre entre les primates, menés par César – superbement incarné par Andy « Gollum » Serkis – , et les humains. Et si l’on considère le premier trailer, le film promet d’être très épique aux mains d’un Matt Reeves (Cloverfield) visiblement très à l’aise. Autre reboot, conspué unanimement par les amateurs des films de Sam Raimi, The amazing Spider-Man verra aussi sa suite arriver sur les écrans cette année. Dans The amazing Spider-Man : naissance d’un héros, Peter Parker affrontera non pas deux, mais trois méchants : Electro, Rhino et le Bouffon Vert au retour inattendu. C’est une nouvelle fois Marc Webb qui s’y collera malgré un accueil des fans globalement très négatif sur le premier opus. Il aura la lourde tache de concilier les nombreux enjeux narratifs avec l’action, sans sacrifier pour autant les personnages sur l’autel des effets spéciaux. Le premier trailer en met plein la vue, mais nous fait douter de la réussite de cette séquelle. À suivre, néanmoins.
Directed by
Guillermo del Toro, Quentin Tarantino, Wong Kar Wai, Kathryn Bigelow, Paul Thomas Anderson, Steven Spielberg, Alfonso Cuaron, Brian DePalma… Autant de grands noms au générique de 2013, mais quels sont les réalisateurs dont on attend les films en 2014 sur la seule foi de leur signature ?
Commençons par l’un des cinéastes fétiche de Versatile Mag : Jean-Baptiste Leonetti, réalisateur de Carré Blanc. Le film est l’un des chocs les plus importants du cinéma français récent, un geste radical, jusqu’au-boutiste et audacieux qui n’a malheureusement pas bénéficié d’une distribution en salles ni d’une diffusion en vidéo dignes de sa formidable puissance d’impact. Si Carré Blanc n’a pas rencontré son public en France, il a pourtant été régulièrement sélectionné dans les festivals les plus prestigieux à travers le monde et a été vendu au Japon, preuve du pouvoir de fascination que peut exercer le film au-delà de nos frontières. C’est donc logiquement que Jean-Baptiste Leonetti s’est dirigé vers les États-Unis – d’où provient l’essentiel de sa cinéphilie et de ses influences – pour réaliser son deuxième long-métrage, The reach. Adapté d’un roman de Robb White, le film met en scène Michael Douglas en richissime et arrogant homme d’affaires qui abat accidentellement un innocent lors d’une partie de chasse dans le désert. S’engage un jeu du chat et de la souris entre lui et son guide qui refuse d’étouffer l’affaire. Le film a été tourné au Nouveau-Mexique, notamment sur le site Navajo du Shiprock. Si les expériences de réalisateurs français exilés outre-Atlantique n’ont pas toujours été concluantes, on a confiance dans la force du point de vue, les qualités de cinéaste, et la lucidité sur le fonctionnement du système de Jean-Baptiste Leonetti, pour attendre sereinement la sortie de The reach.
On attend chaque film de Wes Anderson avec le même enthousiasme, car le réalisateur de Moonrise Kingdom, s’il ne remet jamais en jeu son identité visuelle et ses thématiques récurrentes, sait suffisamment bien les renouveler pour relancer systématiquement l’intérêt. The Grand Budapest Hotel est déjà un rêve de casting où l’on croisera tous les visages familiers du cinéaste ainsi que des nouveaux venus dans son univers – dont Mathieu Amalric, Ralph Fiennes et Léa Seydoux. La forme du huit clos conviendra bien à la mise en scène de Wes Anderson, dont les motifs symétriques et les mouvements de caméra géométriques savent délimiter les espaces. Le scénario sur le mode du Cluedo ne sera sans doute qu’un prétexte à une fantaisie chorale dont on se délecte d’avance. David Fincher reviendra quant à lui plus tardivement cette année dans son genre de prédilection : le thriller. Avec Gone Girl, il adapte le roman de Gillian Flynn sorti en France sous le titre Les apparences, où il est question d’un couple dont la femme disparaît mystérieusement. Dans son enquête pour la retrouver, son mari va découvrir qu’elle cachait beaucoup de choses. Le réalisateur de Se7en et The game était davantage attendu sur la suite de Millénium dont le succès en demi-teinte a refroidi l’ardeur de Sony à mettre en chantier le deuxième volet. Quant à son adaptation de 20 000 lieues sous les mers, Disney continue de tergiverser en raison d’un budget important et de l’échec de Lone Ranger, cet été. On n’imagine cependant pas Gone girl comme projet bis pour Fincher qui est très à l’aise dans ce genre de film, on doute qu’il déçoive là où il a toujours donné satisfaction.
Darren Arronofsky ne faisait pas partie de nos chouchous, on observera à distance la sortie de Noé, le nouveau projet biblique du réalisateur en toc de Black swan et The fountain. Pas non plus parmi nos favoris, mais dont les projets intriguent suffisamment pour nous intéresser, Spike Jonze sortira cette année Her, où Joaquim Phoneix tombera amoureux… d’un programme informatique. Méfiance tout de même pour ce type de concept, le cinéma de Spike Jonze, plutôt mental, étant déjà souvent dépourvu d’émotion. On attend davantage Only Lovers left alive, la vision du mythe vampirique par Jim Jarmush, vision dont on se doute qu’elle sera plutôt éloignée de Twilight et plus proche d’une rêverie mélancolique, nostalgique et nocturne.
On en oublie certainement. D’autres créeront sans doute la surprise. En tout cas, gardons nos esprits ouverts à tous les types d’expériences cinématographiques, sans en bouder aucune, pour faire de 2014 une belle année de cinéma.